Lors d'un symposium sur "La place des femmes dans le sport", qui s'est tenu, mardi 12 octobre à Monaco, dans le cadre du Sportel (rencontres entres les professionnels du sport et de la télévision), tous les opérateurs de l'audiovisuel sont tombés d'accord pour expliquer qu'il y avait encore beaucoup de chemin à parcourir pour que les sportives – en dehors des rubriques people –, trouvent leur place légitime à la télévision.
"UN FAIT CULTUREL PERTINENT"
Les commentateurs des tournois de tennis évoquent ainsi les performances de "Serena" et de "Venus" (les sœurs Williams), alors qu'ils parlent plus volontiers des victoires de "Federer" ou de "Nadal", côté hommes. Même chose en natation, avec "Laure" (Manaudou), ou en athlétisme pour "Marie-José" (Perec).
"Les pratiques sportives constituent un fait culturel particulièrement pertinent pour analyser les rapports sociaux de sexe, les processus de ségrégation et de hiérarchisation entre les hommes et les femmes", analyse Catherine Louveau, sociologue à l'université de Paris Sud.
Cette (mauvaise) habitude est surtout une question de "galanterie", sourit Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisions. "Je n'ai jamais eu de difficultés à vendre une retransmission de sport féminin, car à France Télévisions, nous avons une mission du service public, rappelle t-il. Le vrai problème est plutôt d'ordre économique, car le public qui s'intéresse de près aux sports est plutôt masculin et l'on sait que la publicité se fait autour d'eux." Pour autant, note M. Bilalian, les femmes sont maintenant très nombreuses à suivre les retransmissions sportives et les publicitaires ciblent de plus en plus ce public.
PEU DE FEMMES JOURNALISTES SPORTIVES
Quant à la parité parmi les journalistes sportifs, il y a encore beaucoup de travail pour faire changer les mentalités au sein des rédactions, selon Marie Boselli-Berenguer, directrice de l'école de journalisme de Nice. "Les étudiantes s'intéressent à l'information en général mais peu d'entre elles veulent s'investir dans une rubrique sportive, car c'est un univers très masculin où il est difficile de s'imposer", dit-elle.
Seuls, pour le moment, les pouvoirs sportifs ont commencé à donner une place aux femmes. Ainsi, outre Mme de Frantz, qui siège au CIO, la Hollandaise Ingrid Delterne a été élue récemment directrice générale de l'Union européenne de radiotélédiffusion (UER), qui négocie les droits sportifs avec les télévisions, et l'Anglaise Carol Isherwood est la première et seule femme à siéger, en tant que membre, à l'International Rugby Board (IRB).