À l’instar de son physique, Mélodie possède un sacré caractère. Dotée d’une détermination sans faille, travaillant sans relâche, la Picarde n’a pas froid aux yeux. Bien au contraire.
Du caractère, il lui en a fallu tout au long de sa carrière vélocipédique. Et cela, dès le début.
Comme beaucoup de gamines de son âge, Mélodie donna ses premiers coups de pédale à trois ans. Cependant, alors que la plupart se contentent du jardin des grands-parents comme terrain de jeu, la Picarde voulut de suite se frotter aux autres.
Elle prit alors une licence dans le club du coin, l’Association Cycliste d’Ons-en-Bray, à quatre ans. L’âge de l’insouciance.
Elle ne le comprit sans doute pas immédiatement mais Mélodie fit là le choix de la difficulté, de l’adversité et de tous ses tracas.
Car, faute de courses féminines chez les jeunes, elle fit ses classes avec les garçons, leurs ego et leurs réflexions. Dur. Mais peu importe pour Mélodie. Son seul but était de pédaler et de s’amuser.
Motivée par ce dessein, la jeune femme s’attacha à le faire avec un sérieux exemplaire. Elle redoubla ainsi de travail pour tenir la dragée haute aux garçons.
Son goût de l’effort solitaire, son sens du sacrifice et son caractère inébranlable de battante furent ainsi remarqués. On la compara alors à Jeannie Longo, l’icône du cyclisme français.
« Tout le monde me parlait d’elle et affirmait que je lui succéderai. C’était mon idole », lâche-t-elle timidement.
Cette idole, celle qui a bercé ses rêves, recouvert ses murs d’adolescente de posters, Mélodie l’a dépassée. Et de quelle manière ! C’était à l’occasion des championnats de France, au terme d’une échappée solitaire de près de 40 kilomètres.
Une performance majuscule ponctuée par un maillot tricolore : « Je ne m’y attendais pas du tout. Je pensais vivre une saison noire du fait que je travaille à l’usine. En fait, non, j’ai gagné la plus belle course de ma carrière ».
Adoubée par Jeannie Longo - « Je l’aime bien cette gamine, elle a du tempérament et sait ce que veut dire faire des efforts » -, Mélodie se trouve récompensée de tous ses sacrifices.
En faisant le choix de travailler à l’usine, elle était pourtant loin de se retrouver à pareille fête. Mais, cette travailleuse
issue d’un milieu très modeste, a sué sang et eau pour parvenir à ses fins.
Alors que Longo, Pitel et autres, se préparaient dans des conditions optimales sur le plan de l’entraînement et de la récupération, la jeune Picarde travaillait en 2 x huit dans une usine de fonderie, enfourchait son vélo à la débauche et récupérait de ses efforts comme elle le pouvait. Une vraie battante.
Cette force de caractère, qui lui permettait de battre jadis les garçons, lui a donc permis de devancer Longo et ainsi que les filles de Vienne Futoroscope. Elle veut désormais s’en servir pour viser plus haut.
Étrennant pour la première fois sa nouvelle tunique tricolore, elle venait sur le “TIFL” pour viser un Top 20 parmi les meilleures mondiales. Une manière d’effacer son mauvais souvenir de l’an dernier : « J’étais malade et j’avais eu beaucoup de mal ».
Kevin Cao
Le Populaire du Centre
L'INTERVIEUW DE MELODIE LESUEUR SUR RMJ - CLIQUEZ SUR LE LOGO